Lebewohl, cher
Stéphane Hessel !
Vous êtes parti pour
de bon, vous qui tant de fois avez failli ne pas revenir. Votre voix nous
manque déjà, cette belle voix patiente et entêtée à la fois, porteuse de paix
et de sagesse ; votre haute présence aussi, un peu voûtée par tant
d’Histoire sur vos épaules d’homme du siècle ; votre écoute attentive et
vos conseils enfin, vous si simple et si abordable.
Vous avez essuyé bien des
grains, des attaques et des revers. Les grains vous ont forgé un
tempérament du meilleur acier. Les attaques étaient attendues, car tant de bonté indispose
toujours les moins généreux et les plus violents. Les revers sont inévitables,
car l’humanité n’apprend que très lentement de ses expériences.
Une vie s’éteint, mais
un message reste. Vous avez eu le courage de descendre encore dans l’arène
parce que vous sentiez de nouveau l’urgence d’agir. Et vous vous êtes battu
avec des ressources insoupçonnées. Vous avez donné plus que votre dû, vous avez été entendu plus que jamais. Nous
vous relirons, nous vous écouterons encore et nous tirerons tous les
enseignements de ce que vous nous avez
légué. Si « vivre, c’est transformer en conscience une expérience aussi large
que possible » (A. Malraux), vous êtes allé jusqu’au bout du possible.
Nous n’oublierons pas
l’histoire de Jules et Jim.
Crédit photo : Centre d'Action Laïque
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