Film de Hirokazu Kore-Eda
Le jour de Noel a offert aux cinéphiles un présent exceptionnel : l'oeuvre forte et sensible du réalisateur japonais sur le thème de la paternité est dans les salles.
Tel père, tel fils,
prix du jury au dernier Festival de Cannes, reprend, dans un
registre intimiste et réaliste, le prétexte de La vie est
un long fleuve tranquille :
l'échange de deux bébés dans une maternité.
Le
réalisateur Hirokazu Kore-Eda, né en 1962, tisse sur ce motif les
fils de la paternité, de l'enfance et de la filiation, de la
mémoire, de la famille et du couple, qui constituent la trame de son
oeuvre (Maborosi,
Après la vie, Nobody
knows, Still walking,
I wish).
Avec
un traitement minimaliste dans des tons gris et bruns ponctués de
rouges et bleus, un rythme lent soutenu par les Variations
Goldberg, un regard
puissamment documenté sur la texture urbaine et l'architecture de
Tokyo, l'histoire progresse avec l'entêtement et la force de
conviction de ces enfants qui en sont les véritables héros. Elle
est servie par la véracité de ces derniers comme par la beauté
polymorphe de leurs mères, interprétées par Machiko Ono et Yoko
Maki (photo ci-dessous), et par les personnalités antagonistes des deux pères,
Masaharu Fukuyama et Lily Franky. On retrouve dans Tel
père, tel fils plusieurs des
acteurs favoris du cinéaste.
Par
petites touches, sans grands effets, mais avec une efficacité
impressionnante, Hirokazu Kore-Eda nous rappelle quelques vérités :
qu'un père est plus irremplacable pour son enfant que pour son
employeur, que les femmes percoivent souvent les autres avec plus de
justesse que les hommes, que le respect trop poussé des normes
sociales conduit à la stérilité, que le monde a changé enfin et
que l'humain doit en redevenir la fin.
Le
portrait du Japon moderne ainsi brossé apprendra beaucoup aux
Gaijins sur
l'évolution de ce grand pays mal connu, Cipango
toujours lointain et à jamais fascinant.
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