jeudi 5 février 2015

Souvenirs sans gloire

Les confessions d'un pilote de ligne, par Michel Vanvaerenbergh

Ker Editions, 2012


Vous l'avez peut-être remarqué entre un vernissage et un concert électro, j'ai un faible pour les avions et ceux qui les pilotent. Il y a plein de raisons à cela, mais l'une des principales est que le pilotage d'un aéronef ou d'un bateau et la navigation, qui leur est consubstantielle, mettent en oeuvre un large éventail de capacités humaines à une seule fin : tenir son cap. Personne n'est resté éternellement entre deux nuages ou au milieu de l'océan. Celui qui décolle doit atterrir, celui qui largue les amarres doit un jour les raccrocher. Entre ces deux moments, nombre d'événements peuvent advenir, et c'est là qu'il y a de belles histoires à raconter. Quand on en revient...

Michel Vanvaerenbergh, ancien pilote de ligne et instructeur,  plus de 13 000 heures de vol tout de même, raconte ici quelques-unes de ses expériences les plus marquantes. Il a choisi un angle courageux, qui est celui des petites et grandes faiblesses humaines qui conduisent à l'erreur, voire à la faute de pilotage et potentiellement, à la catastrophe. Pour confesser cela, il faut avoir la trempe des grands car les médiocres ont peur de leurs faiblesses. Et le commandant Vanvaerenbergh n'éprouve pas ce genre de peur.

En quatorze épisodes qui se lisent comme on déguste l'expresso du matin, le lecteur en apprend beaucoup sur l'homme et sur le monde : sur le pilotage des avions de ligne et sur le fonctionnement du transport aérien, présentés avec pédagogie, mais sans en dissimuler la complexité technique; sur la bête humaine et le travail en équipe dans des circonstances souvent limites ; sur un monde qui change vite et en profondeur - les souvenirs des pays soviétiques nous apparaissent particulièrement décalés en ce 21e siècle.

Au fil de la lecture, on se prend à méditer sur la fragilité de nos constructions les plus rigoureuses  et sur cette merveilleuse capacité humaine de rattraper les situations les plus désespérées. Le texte enfin, joliment écrit par un technicien qui n'a pas oublié son latin, maître dans l'art du portrait, est sous-tendu d'un humour vigoureux : on rit autant que l'on retient son souffle, de la première à la dernière page.

Quand je vous disais que cela vaut la peine de lire des histoires de pilote !




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